lundi 3 octobre 2011

La vie

Être seul. 

Se faire bouffer par la solitude.

Partir, voyager, découvrir.

Rencontrer.

Démarrer une nouvelle vie... Un rêve.

Échanger, rire, se confesser, tisser des liens, vivre.

Voir partir, s'en aller, pleurer, dire adieu.

Se faire bouffer par la solitude.

Être seul.

lundi 18 juillet 2011

samedi 11 juin 2011

Tu(e)-moi.


« J'ai été choisie il y a quelques temps pour un test. Un test sur l'être humain ; sa sociabilité, ses peurs, ses faiblesses. Sa pensée et sa façon d'agir.

J'aurais bien refusé, j'aurais préféré refuser. Ce genre d'expériences ne m'attire pas vraiment.
Pas le choix, de toute manière. Et puis, je suis curieuse. Besoin de savoir. J'ouvre donc les yeux, carnet à la main. Pendant ce temps, je ne serai que spectatrice du monde, alors que mon attention se porte sur celles qui devront être jugées. Inspectées. Contrôlées ?
Je remarque que je ne dois pas être la seule à être embarquée dans cette expérience. Bien vite, certains font leur rapport sur quelqu'un en particulier, cela aux yeux de tous. Ils portent la vérité sur leurs épaules, l'imposant même à ceux qui n'en sont pas concernés. Tu es. Tu es. Tu. Je. Ils crachent leurs mots, "Vous n'êtes rien. Faites-moi confiance, Je le sais. Fais-moi confiance, Je l'ai vu. JE.".


Ecoutez-les. S'ils le disent, c'est qu'ils doivent avoir raison. Oubliez-moi. Ecoutez-les. Oubliez qui ?


Je tente de comprendre cette raison. D'où vient ce besoin de faire part de sentiments aussi affreux au monde entier ? Vient ensuite le moment où je remarque que ces phrases sanglantes ne généralisent pas. Elles visent. ''Tu''. Mais qui es(t)-''tu'' ? Personne ne le dira. En tout cas, ce ''tu'' es(t) décrit comme la pire des merde. La pire. ''Tu'' a(s) mis le feu à l'humanité. ''Tu'' l'a(s) détruis.'' ''Tu'' a(s) souillé.'' ''Tu'' es(t) atroce.'' ''Tu'' n'a(s) pas de coeur'' ; citent ces personnes. Mais qui es(t)-''Tu'' pour être jugé (juger) comme ça ?

Mon carnet de notes reste vide. Les mots ne me viennent pas. Je ne peux que continuer de lire avec effroi toutes ces paroles de haine distribuées gratuitement.

Je ne comprends pas. Pourquoi juger des anonymes. Pourquoi les juger aux yeux de tous. Pourquoi cracher de la haine créée pour quelqu'un sur une foule entière. Pour leur donner la rage ? Dans l'attente que la personne concernée réponde à son tour aux messages publics qui parlent d'elle sans pourtant citer son nom ? Qu'elle réponde de la même façon ? Et puis ? Ensuite ? L'autre répond encore, puis l'autre, puis l'autre, puis l'- .
Je ne sais pas s'il est question de faiblesse, de recherche d'aventure ou d'envie de sang. Mon carnet reste vide. Je ferme les yeux.


Trois semaines se sont déroulées depuis le début de l'expérience.


Mon attention reste portée sur mes ''collègues'' qui continuent de remplir leur rapport au monde. Ils semblent bavards. ''Tu'' les inspires. Méchamment. Parce qu'après trois semaines, je n'aurai toujours pas vu aucun signe de ''tu'' (toi). Pourquoi cette personne n'a-t-elle pas décidé de venir répondre aux avances du bourreau ? La guerre semble pourtant déclenchée. 'Tu'' sait(s), c'est bien de lui (toi) que l'on parle. Je pense que ''Tu'' lit(s). Que ''tu'' lit(s) avec attention, grande attention. Qu'à chaque insulte, son (ton) cœur se brise un peu plus. Qu'à chaque fausseté, déclaration de haine, injustice, le couteau s'enfonce un peu plus dans la plaie. Le plus simple serait de répondre, ''tu'' sait(s). Et ''tu'' sait(s), je finis par en être persuadée. ''Tu'' ne doit(s) juste pas avoir envie de répondre aux coups. ''Tu'' ne doit(s) pas avoir envie d'entrer dans la bataille, pour infliger la même chose à ceux qui ont la rage.

J'ai compris. ''Tu'' préfère(s) endurer. En silence, l'injustice du monde. L'injustice de ceux qui ne prennent pas le temps de réfléchir au bien ou au mal. Bien évidemment, ''tu'' ne peut(x) pas être le mieux placé pour décider et juger de la mentalité de l'autre. C'est peut-être pour ça aussi que ''tu'' ne dit(s) rien. À moins que ''tu'' ne soit(s) lâche ?


''Tu n'es rien, tu ne vaux rien, tu. Je Je Je le sais. J'ai J'ai J'ai raison. Regarde-moi. Ecoute-moi-moi-moi-moi. Tu. N'es. Rien.''


Faut-il donc en déduire que ''tu'' n'es(t) rien ? Je n'en suis pas sûre. Je ne sais même pas qui sont ces personnes qui écrivent tout ce charabia ! La seule chose que je sais, c'est qu'elles ont été choisies au même rang que moi pour vivre cette expérience. Et il semblerait que ''tu'' les inspire(s) énormément. Mais pourquoi ''tu'' les inspire(s) si ''tu'' n'es rien ? Jalousie ? Besoin de se faire remarquer ? Ou peut-être juste pour pouvoir remplir son carnet de notes ? Ou un peu des trois.

Ils m'ont en tout cas mis sur la voie. Ca s'éclaircit pour moi, je pense arriver à la fin de l'expérience. Je ne connais pas ces personnes. Mais ces personnes semblent nous connaître (''Je te connais, je sais ce que tu as fait, ce que tu as dit, ce que tu vas faire, ce que tu es''). Je crois qu'ils ne font pas parti de l'expérience. Ils jugent, mais ne sont pas testeurs. Ils vont à la rencontre des lâches. Ils devinent. Ils savent. Ils contrôlent. Ils sont. Oui, J'ai compris.

Ils ne font que juger les autres. Ils croient avoir la science infuse. Ils ne font que juger les autres. Ils croient connaître la race humaine mieux que n'importe qui. Ils ne font que juger les autres. Ils se trompent. Ils ne font que juger les autres. Ils sont faux. Ils ne font que juger les autres. Ils (Je) ne font (fais) que juger les autres.

Je sors mon carnet de notes, et y note la conclusion après avoir étiqueté mes cobayes :

''Tu n'es rien. Tu sais sans savoir. Tu déclares voir les yeux fermés. Tu parles sans connaître les mots. Tu n'es rien. Je t'ai observé, Je le sais. JE.'' »



samedi 7 août 2010

So I'll keep on living on your promises.


« Si t’as la haine, assieds-toi et fume une clope, déjà. Ça te fera du bien.
- Ça va, je sais, laisse-moi le temps !
- Pas besoin de donner des coups de poings dans le mur. Tu vas te faire mal. »

Elle s’assied, lasse. Il a raison, après tout. Il lui tend une cigarette qu’elle coince entre ses lèvres et allume en silence.

« Bon. Voilà. Pour la suite, je sais ce qu’il te faut.
- Quoi ? »

Il ne répond pas, se lève, et part dans l’autre pièce. Il revient deux minutes après et lui tend une feuille et un crayon.

« Qu’est-ce que tu veux que je fasse de ça ?
- Ca, c’est une feuille. Ça, c’est un crayon. Tu peux écrire sur la feuille avec.
- T’es super drôle comme mec, en fait !
- Pose pas de questions idiotes, va. Et laisse-moi parler.
- Tu m’énerves !
- Et calme-toi. Voilà ce que tu vas faire ; on sait pourquoi t’as la rage là, maintenant. Mais tu vas l’écrire. Vas-y, écris. »

Elle ne comprend pas trop, mais s’exécute tout de même, après avoir écrasé sa clope dans le cendrier.

« T’as fait une faute, là.
- J’aime pas qu’on regarde quand j’écris ! Et puis, ça arrive à tout le monde de faire des erreurs quand on est énervé.
- Oui, ben, corrige, quand même.
- T’es chiant ! »

Il ébouriffe ses cheveux pour la taquiner.

« J’ai fini. C’était censé servir à quoi ?
- C’est pour te faire aller mieux.
- C’est plutôt l’effet contraire. Maintenant, c’est écrit. Ça rend le truc officiel et ça fait encore plus mal en le relisant.
- Justement, sinon ça n’aurait aucun intérêt ! Maintenant, écris en dessous ton avis sur la chose. »

Elle se penche sur la feuille, et écrit avec attention ;

« ‘’ Je l’emmerde, je l’emmerde, je l’emmerde, je l’emmerde, elle fait chier, je l’emmerde, je l’emmerde, je l’emmerde, je l’emm/ ’’
- T’as pas l’impression de te répéter un peu, là ?
- Non. J’ai écrit « elle fait chier », aussi.
- Ha.
- « Je l’emmerde, je l’emmerde, je l’emmerde, je l’emmerde. ». Y a plus de place sur la feuille.
- Ce -m là ressemble à un -n, tu l’as mal fait.
- Je t’emmerde.
- Ça va mieux ?
- Non.
- C’est normal. Maintenant, prends ça. »

Il lui tend un marqueur noir.

« T’aurais une autre clope ?
- On est en train de faire quelque chose de sérieux, là.
- Mais j’ai envie de fumer.
- Après, reste sage ! Prends ça.
- Je t’/
- …emmerde, oui. Donc, avec le marqueur, tu vas rayer le truc qui t’es arrivé et qui t’as énervé.
- Si c’est ça ta solution, c’est nul.
- Tais-toi, et raye.
- Je veux fumer !
- Tais-toi, et raye. »

Elle lui lance un regard accusateur, ses yeux encore mouillés de la crise de rage d’il y a quelques minutes. Le marqueur crisse lentement sur le papier.

« Voilà.
- Ça va mieux ?
- Non.
- C’est normal. Maintenant, tu vas raconter une blague.
- Pourquoi ?
- Raconte une blague.
- C’est l’histoire d’un mec qui entre dans un café, et plouf.
- À chier. Vraiment à chier.
- Ho ça va !
- Maintenant, tu vas rayer ton avis par rapport à cette histoire. »

Lasse, elle finit de gribouiller la feuille en écrasant la mine du feutre à force d’appuyer.

« C’est bon. Ça va toujours pas mieux.
- Pourquoi ça n’irait pas ?
- T’es con ou quoi ?
- Je vois vraiment pas où est le problème.
- À quoi tu joues ?
- Ben je sais pas, tu dis que tu vas pas bien alors qu’il y a aucune raison pour que ça n’aille pas.
- Mais si ! Tu l’a vue !
- T’as une trace écrite ?
- Putain, tu fais chier. »

Il lui tend une cigarette.

« Avoue que c’était drôle, quand même.
- De quoi ?
- T’es conne ou quoi ?
- Je vois vraiment pas ce qui est drôle.
- À quoi tu joues ?
- Ben je sais pas, tu dis que quelque chose était drôle, alors qu’il n’y a aucune raison pour que ça le soit.
- Mais si ! Tu l’a vu !
- T’as une trace écrite ?
- Putain, tu fais chier. »

Le silence se fait pendant un instant.

« Ça va mieux ?
- Un peu. »

lundi 12 juillet 2010

12.2007 - BREAK AWAY.


J'ai froid. La nuit est tombée depuis bien longtemps, et c'est enveloppée dans une couverture que j'attends sagement, assise devant ma fenêtre.

Quatre heures, il est temps. Je n'ai pas mis de réveil, parce que je n'ai pas dormi. Déjà habillée, je me débarrasse silencieusement de ma couverture, et la pose sur mon lit, prends mon sac, l'ouvre, et vérifie qu'il y a bien toutes mes affaires : MP3, prise pour le recharger, portefeuille avec carte d'identité, affaires de toilettes, et un minimum de vêtements. Je prends un stylo posé sur mon bureau, et déniche une feuille blanche, puis y inscris :

« Je pars.
C'est pas vous qui me faites chier, c'est cet endroit qui ne me correspond pas.
Bis bald ! »

Je pose mon sac sûr une épaule, attrape le mot fraîchement écrit, éteins la lumière de ma chambre, et ouvre lentement la porte qui me mène sur le palier. Je descends les escaliers le plus silencieusement possible, et arrive dans le salon. Les deux chats de la maison arrivent en s'étirant paresseusement, et viennent se frotter contre moi à la recherche d'une quelconque personne qui pourrait leur donner un peu à manger. Je les caresse tous les deux un instant, et pars fouiller dans le sac de ma mère, à la recherche de sa carte de crédit. L'ayant trouvé, je pars ensuite chercher un timbre, prends une enveloppe, et y inscris l'adresse de la maison. Au dos, j'écris un petit mot d'excuse Je colle le timbre, l'enfonce dans ma poche, et pars chercher mon manteau d'hiver. Je fouille les poches, et trouve mes clés de maison. Je n'en aurai pas besoin... Je les pose sur la table.

Il ne faut pas que je tarde. Je pars poser le mot sûr la table du salon, attrape mon sac, la carte de crédit, fais un petit au revoir aux deux chats qui me regardent en ronronnant, ouvre la porte du couloir, puis sors. Le vent frais me fait du bien. Je claque la porte, et m'avance dehors. Je marche rapidement, regardant le sol. Je mets ma capuche de gilet sûr la tête, les joues déjà engourdies par le froid. Arrivée à la banque, je retire un bon nombre d'argent de la carte de ma mère et la glisse dans l'enveloppe timbrée, que je vais déposer à la poste.
Chose faite, maintenant direction la gare... Je sors une cigarette et la coince entre mes lèvres, avançant sûre de moi, connaissant le trajet à effectuer. Je l'allume, et tire une bouffée, puis regarde l'heure : Cinq heures. Le soleil commence à se lever, et des voitures passent à des vitesses démesurées dans les rues. Au bout d'un certain temps, je vois l'horloge de la gare, puis un train qui passe. Je rentre, il n'y a pas grand monde pour le moment. J'enlève ma capuche et me dirige au guichet « grandes lignes », et fais face à une femme plutôt âgée, qui lève la tête d'un air vaguement intéressé.

« Bonjour.
- Bonjour.
- J'aimerais un billet pour Stuttgart, s'il vous plait. À l'horaire le plus tôt possible. »
Elle me regarde d'un air bizarre, pianote deux minutes sur son petit ordinateur, et relève les yeux vers moi.
« Dix heures trente. Vous devrez descendre à Paris, et reprendre le train de midi quarante-cinq. Ça vous convient ?
- C'est parfait.
- Ça fera 279€. »
Je sors une liasse de billet, et lui donne six billets de cinquante euros. Elle les prend, me rend la monnaie et me tend les billets d'un air froid.
« Merci.
- Bon voyage mademoiselle.
- Ha, et, tâchez de sourire un peu plus, ça fait toujours plaisir aux gens qui se lève à pas d'heure pour prendre un train qu'ils n'ont pas forcément envie de prendre. »
Elle semble surprise ; je pars avant qu'elle ait pu réagir. Je regarde mon billet, et souris malgré-moi, puis sors de la gare fumer une cigarette. Je sors mon mp3, et mets les écouteurs sûr mes oreilles. Les premières notes de Schwarz me transportent.

Si je n'avais pas mis le son aussi fort, je n'aurais pas entendu ces deux personnes qui passaient. « T'as vu ses veuch à cette clocharde ! ».

Je sors mon portable, clope au bec, il est sept heures. Les lycéens commencent à affluer dans la rue, leur mine éteinte et leurs yeux rivés sur le sol, mais moi je n'irai pas au lycée aujourd'hui. Cette pensée suffit à me sentir bien. La fin de la chanson me remet les pieds sur terre, et je remarque que ma cigarette s'est éteinte. Je la jette, et rentre dans la gare. Je vais m'asseoir sur un banc, et observe les passants un long moment, avant de m'endormir.

« Wouhou, when I feel heavy metal ! »

J'ouvre les yeux, les frottes énergiquement, et change la musique de mon mp3. La grande horloge affiche dix heures. Il y a moins de monde que tout à l'heure. Un clochard passe devant moi, et me tends la main « Z'auriez pas une p'tite pièce ? ». Je cherche au hasard dans ma poche, et lui donne un billet de cinquante euros, qu'il prend d'un air émerveillé, étonné, heureux, « Dieu vous le rendra ».

Je me lève, j'ai mal à l'épaule, j'ai froid. Le tableau d'affichage indique au-dessus de ma tête « Direction Paris Est – 10h30 – Train n°23876 – Voie 9 ». Je baille et m'avance vers les voies ferrées. Toujours aucun message sur mon portable.

« Billet s'il vous plait ». Le train roule, je sors mon billet et le présente au contrôleur, qui me le rend en souriant. Je lui rends son sourire, aimable, puis remets mes écouteurs sûr la chanson adaptée au moment „Ich fühl mich, claustrophobisch eng. Mach platzt, bevor ich mir’n Ausweg spreng. Du hälst, mich nicht auf. Ich brech aus.“ . D'un coup, j'ai vraiment l'être d'être une rebelle de la société. Je change de musique, me cale confortablement, et m'endors.

Sursaut. Je sors mon portable qui vibre, et vois inscrit « Papa ». Je regarde l'heure, et le remets dans ma poche. Au même moment le train s'arrête, annonçant Paris. J'ai le timing.

Marchant d'un pas rapide, le panneau d'affichage m'a conduite à la voie 12. J'ai le temps de fumer une dernière cigarette sûr le sol français avant de rentrer dans le train, remplit d'allemand. Une fois assise, je me rends compte que je n'ai pas prévu à manger.

« Bonjour. Vous auriez du chocolat chaud ?
- Je suis désolée mademoiselle, il n'y a pas de boissons chaudes disponibles sur ce trajet, comme indiqué sûr cet écriteau. Vous désirez peut-être une boisson fraîche ? Il y a tout ce que vous pourriez désirer, mais, ho ho, pas d'alcool pour vous, vous n'avez pas l'air d'être majeur enfin peut-être que vous l'êtes mais vous savez je ne sais pas vraiment deviner l'âge chez les gens, y en a toujours qui sont plus vieux qu'ils ne le paraissent, ou bien le contraire_
- Mettez-moi de l'eau, dans ce cas-là. Vous auriez un sandwich au jambon beurre ?
- Désolé, il n'y en a plus en réserve, mais peut-être succomberez-vous à la tentation d'une salade à la crevette ? Bon après je ne dis pas que vous êtes grosse, ou que vous devriez faire un régime, hein, non non, ne croyez pas ça, c'était juste pour vous montrer qu'on a tout le nécessaire pour les longs trajets et puis_
- Un croque-monsieur, vous auriez ça ?
- Il court il vole il est là ! »
Il part dans le fond du wagon et revient avec une sorte de truc chaud avec du fromage dégoulinant, ainsi qu'une bouteille Evian. Je lui tends un billet de cinquante euros, non non j'ai pas de monnaie désolée. Je retourne à ma place et déguste ce modeste repas.
Je branche mon mp3 sûr une prise de courant, et écoute attentivement deux personnes qui parlent de « fußball ». Sursaut. Je sors mon portable, qui affiche « Sms reçu ». Christian. « Putain Alex', tu fous quoi, papa m'a appelé et il sait pas où tu es ! Réponds » Je regarde l'heure et le mets dans ma poche. Dans trois heures, je serai sûr le sol allemand.

Nous arrivons en gare de Stuttgart. Préparez vos affaires, et veillez à n'avoir rien oublié. Wir werden in Bahnhof von Stuttgart kommen, bereiten Sie Ihre Geschäfte vor bitte, und überprüfen dass Sie haben nichts vergessen.

Sac sûr le dos, capuche sûr la tête, clope à la main, et écouteurs dans les oreilles, je pose les pieds sur le territoire allemand. Sourire. Je prends une bouffée de tabac, et m'avance dans la rue, observant les passants. Ils sont nettement différents des français. Moins pressés, habillés plus ringards, bons à jouer dans Derrick. Ça me met de bonne humeur. Mégot éteint, je me rends au guichet de la gare, j'enlève ma capuche. Une personne devant moi prend un billet pour Essen, je savoure son accent. C'est un homme au guichet, les cernes à ses yeux le rendent vieux et laid. Je m'avance, et enlève mes écouteurs, qui pendent maintenant à mon cou.
« Hallo.
- Hallo.
- Ich möchte eine Karte für Magdeburg, bitte. »
Il me regarde d'un air bizarre, pianote deux minutes sur son petit ordinateur, et relève le regard vers moi. Il me parle si rapidement, que je n'en saisis que deux mots, je lui demande de répéter, il me parle en anglais.

« - There's at ten to six.
- Ok, das ist gut.
- Einhundertachtundzwanzig bitte. »
Je sors les cinq billets de cinquante euros qu'il me reste, et lui en tends trois. Il me rend la monnaie, et me tend le billet.

« Lächeln, das Leben ist schön ! »
Je lui souris d'un air forcé, surprise par ses paroles. D'où est ce qu'il se permet de parler comme ça à ses clients ? Je remets mes écouteurs sûr les oreilles, et me dirige au tableau d'affichage, qui affiche déjà « Leitung Magdeburg – 17h50 – Zug n°56269 – Weg 7 ».
Je marche d'un pas rapide, composte, entre et m'assois. Les allemands ont même un rire particulier de celui des français. Sursaut, affiche « Papa ». Il est six heures moins dix. Une personne court, s'arrête à la porte du train, essaye vainement de l'ouvrir, alors qu'ont déjà retentit les coups de sifflets, et que le train se met lentement à rouler vers l'est. Sursaut, affiche « Papa ». Je regarde le paysage allemand défiler, pendant que Bill se permet de chanter en anglais Break Away. I've got other plans today, don't need permission anyway. Je change de musique, et me relaxe sûr Relax. Take is Easy.

Wir werden in Bahnhof von Magdeburg kommen, bereiten Sie Ihre Geschäfte vor bitte, und überprüfen dass Sie haben nichts vergessen.

Je prends mes affaires, comme une impression de déjà-vu. Je pose un pied, puis l'autre, ma main se porte instinctivement à mon paquet vide. Dix-neuf heures. Le Tabak est encore ouvert. Ah bon, vous n'avez plus de Marlboro ? Tant pis, mettez-moi les moins chères. Danke schön.

Je sors, la nuit est tombée depuis peu. Des gens s'attardent devant des vitrines de magasins, moi je m'attarde devant leurs paroles. Sursaut, affiche « Christian ». Je vais m'offrir un repas allemand, composé de délicieuses « Würste », mon dernier billet de cinquante y passe. Il me reste à peine quarante euros, les hôtels sont trop chers. Je m'assois sûr un banc, capuche sur la tête, ventre rempli, clope dégueulasse au bec.

C'est alors que je me demande ce que je fais là. Je suis dehors, en Allemagne –Magdeburg, plus précisément, assise à terre, sans argent pour un billet de retour, seule.

Je souris.

Je suis chez moi, et c’est la chose dont j’avais toujours rêvé. Je m'allonge, me pelotonne contre mon sac et m'endors.


Sursaut, affiche « Papa ». Seize fois.


Mon ventre gargouille et j'oublie en allant manger un steak frites salade - coca – tarte aux fraises - vingt-six euros et quarante-six centimes - clope dégueulasse. J'ai plus d'argent, la bouffe coûte cher ici. Le reste est parti en clopes.

L'endroit où j'ai dormi cette nuit est tapissé d'urine maintenant, on m'a dégueulassé ma maison, je marche un peu plus loin. Sursaut, affiche « Papa ». Il est treize heures. Il n'y a pas beaucoup de monde dans la rue, mais je me sens bien.

Je marche, un peu plus loin, jusqu'à un centre commercial, emprunte des toilettes, me change et me rafraîchis. Je rempli mon après-midi à écouter l'accent allemand, et à savourer lorsque j’arrive à comprendre. Quelquefois. Je repense à mes parents, et à leur vie typique en France. Moi, en Allemagne, je suis bien. Sursaut, affiche « Papa ». Il est dix-neuf heures. Mon ventre gargouille comme pour le prouver. Vendredi. Les S2 avaient DS de maths ce matin. Clope au bec dégueulasse, je m'allonge et regarde les pieds des passants défiler. Une pièce tombe devant moi, alors que je m'endors.

Sursaut, affiche « Papa », minuit. Après ça, je n'ai plus réussi à m'endormir. Le ventre qui gargouille, le froid, les clopes dégueulasses.

Sept heures, je me dis que j'ai l'air conne, comme ça, blanche comme un cul et les yeux à demi fermés. Je finis par m'endormir.

« Guck an seine Haare ! »

J'ouvre les yeux, regarde les deux adolescents qui parlent de mes cheveux. L'un a des cheveux beaucoup plus extravagants que les miens, dont il est en train de se moquer. Ils sont en effet maintenus en l'air, comme s'il les avait induits de colle. Il est maquillé autour des yeux, et ses habits sont très étroits. Je me demande s'il n'est pas homosexuel. L'autre, un rappeur à dreads, rie à en vomir, une épaule posée sur l'épaule de son frangin. Frangin, parce que Tom & Bill Kaulitz.

« - Hey, ich verstehe.
- Stadtstreicherin ! »

Ils partent, s'esclaffant encore. Je ne comprends pas pourquoi, mais qu'importe, je suis heureuse. Je les aie vus. Au même moment, dans les écouteurs de mon mp3 passe Frei Im Freien Fall.

Mille yeux contre moi, contre tout. Pour l'instant, et alors, tout est gelé. Je m'arrête dans la chaleur, pour cette tentative d'évasion.
Je suis libre dans la liberté, et nulle part autrement, libre dans la liberté libre, je ne peux plus autrement être libre.

Ils ne sont déjà plus que deux points perdus au milieu de la foule, mais mon sourire est encore présent, alors que je les regarde disparaître. Je lève les yeux, et me rends compte que chaque passant m’observe sans se cacher, accélérant le pas. Je ramasse la pièce que quelqu'un m'avait lancée hier soir, et la mets dans ma poche, puis mets ma capuche. Sursaut, affiche « Papa ». J'ai froid.

mercredi 2 juin 2010

lundi 3 mai 2010

Cette ville, ce frère, et pourquoi pas un concert entre les deux...
Ça suffirait pour commencer.

samedi 27 février 2010

Il fait noir dans cette chambre. Allongé sur son lit, son regard se perd dans le néant.

Ce soir, son frère et ses amis sont sortis en boîte, comme presque tous les soirs. Lui a préféré rester là, dans sa chambre d'hôtel, luxueuse et neutre. Il a baissé les volets et n'a pas allumé les lumières. Il trouve que c'est mieux comme ça, ainsi il n'a pas besoin de contempler le nouvel endroit étranger dans lequel il se trouve. Il essaie de ne pas réfléchir à quoi que ce soit, mais ses pensées ne peuvent s'empêcher de dériver malgré tout... Il n'a pas osé sortir. Il n'ose plus sortir. De toute façon, il n'en n'a plus l'envie. Il imagine son frère et ses amis, sous les feux des projecteurs, dans leur carré VIP, et grimace à cette idée. L'image habituelle de ses rares sorties en public lui reviennent en mémoire, lui rappelant pourquoi il est resté là. Sortir, tête baissée, lunettes de soleil sur le nez et encerclé de plusieurs gorilles, pour monter dans un van aux fenêtres teintées. Pendant le voyage, il n'a pas besoin de faire bonne figure avec ses compères, et se perd dans la contemplation teintée de jalousie du rire de son frère. Une fois arrivés à l'endroit de fête, il sort, et ne voit qu'une chose : Des flashs, venant de partout. Il n'entend qu'une chose : Des cris, faisant exploser sa tête dans tous les sens. Arrivé à l'intérieur, les lumières des projecteurs ne s'arrêtent pas d'éclairer pour lui, mais les visages aux yeux exorbités sont tous tournés dans sa direction. À nouveau, les flashs recommencent. S'il était sorti ce soir, il s'imagine qu'il aurait à nouveau passé la soirée à ne regarder que son verre de vodka.

Il ferme les yeux, s'enfonçant un peu plus dans le néant de ses sentiments. Comment font-ils, eux ? Pour ne pas penser à tout ce qu'ils ratent, à tout ce qu'ils doivent endurer jour après jour ? Pourquoi ne ressentent-ils pas la même peur qui lui tiraille l'estomac à chaque fois qu'il doit se confronter à quiconque ?

Il rouvre les yeux. Son regard se dirige automatiquement vers la faible lumière des lampadaires dehors qui filtre à travers les volets mal fermés et le met mal à l'aise.
C'est drôle, se dit-il, comme cette chambre noire et cette lumière forment la métaphore exacte de sa relation entre lui, la célébrité, et le monde. Il se demande depuis quand il n'a pas vu la vraie lumière du jour. Ayant à chaque instant à mettre des lunettes de soleil plus grosses que son visage pour espérer ne pas être reconnu dans la rue. Il se dit qu'à force de devoir marcher tête baissée, il finira par se prendre un mur. Son estomac lui fait mal, la peur panique liée à la paranoïa s'empare de lui. Si ce n'est pas un mur qui l'arrête, ce sera un couteau ou un coup de feu, c'est une certitude.

Il se redresse et s'assied sur son lit, n'ayant pas la force de remettre ses cheveux correctement pour l'instant. Ses mains cherchent au hasard sur sa table de chevet, s'emparant des premiers médicaments destinés à soulager ce mal de ventre incessant.

Il se relève, tant bien que mal, s'empare de ses lunettes de soleil, posées sur la table, et se dirige vers la faible lumière des volets. Il n'a plus d'espoir pour quoi que ce soit. Il pose les lunettes sur son nez, passe un coup dans ses cheveux, et ouvre les volets.

Aveuglé par la lumière, les cris et la foule immense le rappellent à la réalité ; les flashs l'aveuglent. Il sort son plus beau sourire, pleurant de tout son être. Quelle importance ! Ses lunettes sombres cachent ce qu'il ne faut pas montrer, et lui imposent le devoir de rester dans la nuit. Il fait un signe au hasard, ses yeux embués l'empêchant de voir quoi que ce soit. Il pense que c'est mieux comme ça.


Là, sous les feux des projecteurs, des flashs, des cris et des bousculades, se trouve le jeune homme le plus adulé du monde, perdu dans le plus sombre des endroits. Coincé entre rêve et cauchemar ; il ne reviendra jamais. Mais ça, personne n'a besoin de le savoir parce qu'il ne s'est jamais senti aussi bien. Parce que son sourire resplendissant est là pour le prouver.

lundi 15 février 2010


Putain, cette sensation de rêve !
Qui arrache d'un coup la lourdeur du coeur et de l'estomac irrités par toutes ces merdes, 

qui donne l'impression que plus rien de mauvais n'arrivera jamais parce que rien n'est plus réel ;
Ce souffle frais qui regonfle les poumons et donne des frissons, pourrait tuer de bonheur 

mais la seule chose importante à ce moment sera : Que ça ne s'arrête jamais.

mercredi 30 décembre 2009

Evasion.

"Le soleil était couché depuis longtemps, et seule une petite torche à l’avant du vélo m’indiquait la route à prendre. Il faisait plutôt froid, l’air glacial me fouettait le visage, et déjà mes mains s’engourdissaient. J’avais encore de la chance, parce que le centre commercial où se situait ce fast-food n’était qu’à un petit dix minutes en vélo. Malgré le froid, j’adorais toujours ce moment-là ; la musique dans les oreilles, le vent secouant mes cheveux, les routes, faiblement éclairées par les lampadaires, me donnaient l’impression l’espace d’un instant de ne plus être dans cette ville connue pour son foutu romantisme. La solitude…le désert, l’obscurité, j’aimais ça. C’est dans ces moments-là que je pouvais me permettre de sourire, d’être moi, pour une fois. Parce qu’il n’y avait personne pour poser de questions, pour froncer les sourcils ou pour me lécher les pieds. C’était ça, mon moment de bonheur journalier. Pas besoin d’avoir le bac pour le comprendre ! Je m’imaginais alors autre part, assise en plein milieu d’une plage, le ciel crachant quelques gouttes de pluie, la plage poudreuse, il y fait un peu froid…mais ici, c’est bien. Les yeux perdus parmi les étoiles, l’éclat des vagues s’écrasant bruyamment contre les rochers…le respect, le plaisir, la tranquillité. Il n’y avait que le panneau du fast-food s’élevant devant moi pour me ramener à la réalité, les pieds sur terre…ou sous terre."

dimanche 6 décembre 2009


Sometimes, you just need someone to hold you.



vendredi 6 novembre 2009

B.E.R.L.I.N


Quand j'y pense...

jeudi 22 octobre 2009

You don't know what I'm feeling,



But I don`t think I can be heard by you, you
Could it be you never will ?
Could it be I have to kill this dream that makes me ill ?


Je ne sais pas comment j'ai pu en arriver là - pourquoi j'en suis arrivée là, c'est arrivé rapidement et ça a vite chamboulé ma petite vie pleine de caprices... Si bien que j'ai à présent perdu tout désir, toute passion, tous mes rêves - sauf un :   Que tout s'arrange.

Peu importe, si je verse quelques larmes le soir avant de m'endormir, peu importe que je me sente trahie par qui que ce soit, peu importe que je redouble une année à la fac, que je manque d'argent, que je me dispute avec Paul et Eve, que je râle un peu trop facilement, que l'on me taquine, que je sois trop timide et pas assez mignonne ; je veux juste que ce malaise qui a détruit tous mes désirs disparaisse. Je veux que l'on me rende mon plaisir et mes envies. Parce que j'avais beau me plaindre auparavant, mais en attendant j'avais toujours cette passion des concerts et des voyages pour me rendre heureuse l'espace de quelques jours.

Et aujourd'hui en y repensant, je trouve que "quelques jours" c'était déjà pas mal.

vendredi 16 octobre 2009

Crescendo.



Il y a des histoires, courtes ou non, qui resteront gravées à jamais. La mienne, une des plus importantes, débuta ce 12 juillet 2006.

À cette époque accro à skyblog, je me plaisais à parcourir les blogstars de la semaine et par pur ennui, m'amusais même à lire les commentaires de certains articles. C'est ainsi que ce jour-là, je tombais sur un blogstar dont je ne me souviens plus le titre et tombais sur un commentaire d'un certain blog "only-tokiohotel". La propriétaire de ce blog demandait de voter pour elle afin de gagner un concours pour rencontrer le groupe dont elle était fan... Curieuse de nature, et ne connaissant pas ces "Tokio Hotel", je décidais d'aller jeter un coup d'oeil sur leur blog. Aujourd'hui je sais que je ne me remercierai jamais assez d'avoir été à l'époque aussi fouineuse, curieuse et autant prise par l'ennui pour prendre le temps de cliquer sur ce lien... Parce que c'est par là que commença ma plus grande passion.

Ma première réaction, en tombant sur le deuxième article qui présentait Bill Kaulitz, le chanteur du groupe, fut assez moqueuse parce que le garçon (ou la fille) sur la photo me faisait vraiment penser à Lorie. Ma deuxième réaction fut que je tombais bêtement sous le charme du guitariste, Tom Kaulitz (ce groupie-time ne dura heureusement pas très longtemps). Ma troisième réaction fut lorsque je visionnais Durch den Monsun sur Youtube... Je m'étais pris un coup dans la gueule. Je me souviens de ce moment comme si c'était hier ; à peine le premier couplet terminé que mon coeur battait déjà trop fort...à peine la chanson terminée que commençait ma fanattitude envers eux. Je me jetais tout de suite après sur le clip de Schrei, et me prenait un deuxième coup tellement fort qu'il fit apparaître un sourire sur mon visage. Après avoir englouti le reste d'informations du blog, j'allais directement sur le site de la fnac pour acheter le CD, mais ne le trouvait nul part. Et ne pouvant attendre plus longtemps, j'allais voir sur Emule dans l'espoir de trouver d'autres chansons d'eux...mais rien.

Le lendemain, une sortie à la plage en Belgique se faisait avec mes parents et je passai toute l'après-midi dans les magasins de CD dans l'espoir d'en trouver un de ce groupe, mais rien, à nouveau. Tous les vendeurs à qui je demandais s'ils avaient l'album de Tokio Hotel me répondaient par une grimace "Tokio quoi ?". Une fois rentrée à la maison, l'idée me prit enfin de commander le CD directement de là où il était sûr d'être vendu : Le pays d'origine du groupe qui n'était autre que l'Allemagne. Il fut vite trouvé sur ebay.de. Ainsi, le 18 juillet 2006, j'avais dans les mains la première version de leur premier album : Schrei.

Chaque chanson m'envoya la même décharge en pleine poitrine. Oubliée, la blessure que mon prince charmant allemand avait ouverte un mois avant, j'étais guérie. Blessée par un allemand, guérie par quatre allemands. J'étais de retour.
Ainsi, je passais mon été à me délecter de cette découverte et de cette passion, la plus grande que j'avais jamais connue. Je découvrais le clip de Rette Mich avec la nouvelle coupe de Bill, puis le clip de Der Letzte Tag où ils avaient fait une apparition surprise sur un toit d'un immeuble à l'AlexanderPlatz de Berlin, puis appris qu'ils allaient débarquer en France. À partir de fin septembre prochain, Paris allait les accueillir pour la première fois. Leur promo et le premier concert au Trabendo le 28 septembre se passa extrêmement bien, annonçant au groupe une grande réussite pour eux dans le pays.

En novembre 2006, je découvrais les fictions sur Tokio Hotel. Ces petites histoires où les membres du groupe étaient mis en scène dans de diverses aventures...  Amusée, je décidais d'en écrire une aussi sans me douter qu'elle aurait un succès monstre auprès des fans, puisqu'elle fini par avoir 414 fans... Mais le plus important, c'est que grâce à elle et à tous les compliments que je recevais, je pris confiance en moi dans l'écriture et fit de très belles rencontres. Dont une fille, Azaël, qui n'habitait pas loin de Paris et qui eut l'occasion d'aller au second concert du groupe en France, le 26 novembre 2006 au Bataclan.
À l'époque, je savais que mes parents ne m'auraient jamais laissé partir à Paris, et encore moins pour un concert. Alors l'idée d'assister à celui-là ne m'était passée que très rapidement en tête avant de l'oublier définitivement...par contre, Azaël m'appela pendant le concert pendant Durch den Monsun et Rette Mich. Et c'est à ce moment-là, où j'avais du mal à entendre Bill chanter tant le public criait, que le besoin de les voir en concert me vint en tête.

"17 avril 2007, au Zénith de Paris". Cette date fut annoncée en décembre 2006, et faisait partie de la nouvelle tournée de Tokio Hotel. Et celle-là, je ne pouvais pas la laisser passer. Après en avoir longtemps parlé avec mes parents, qui refusaient sans arrêt sans comprendre la passion qui m'animait à ce sujet, j'arrivais enfin à les faire changer d'avis grâce à Clothilde, une amie du lycée que j'avais, qui me proposa d'y aller avec elle, deux amies à elle et son père qui n'était autre que mon prof de sport en seconde. J'explosais. Enfin, mon rêve allait se réaliser.

En attendant ce jour, un autre grand moment allait se passer : La sortie de leur second album le 26 février 2007. J'eus la chance de l'avoir deux jours avant, et de me délecter de ces nouveaux sons qui me firent la même impression que lors de l'écoute du premier album...en pire. Entre temps, les Tokio Hotel devinrent réellement connus en France à partir de janvier ; les gamines de douze ans trouvèrent en Bill et Tom leurs nouvelles idoles et les médias trouvèrent en eux une source de moquerie. Lorsque j'avais parlé de Tokio Hotel à mes amis en juillet 2006, personne ne connaissait et me laissait vivre dans l'indifférence complète ma passion pour ce groupe inconnu. Désormais, lorsque je parlais d'eux à quiconque, des éclats de rire me revenait en pleine face, mais ça ne changeait rien.

Le décompte des jours passa lentement. J'avais trouvé ma voie, ma motivation, mon envie : Les voir. Les mois passèrent trop lentement jusqu'à ce 17 avril où je découvrais pour la première fois l'ambiance des attentes de concert. La première fois où je me sentais dans mon environnement, avec toutes ces personnes qui étaient là pour la même raison que moi, qui partageaient le même engouement que moi envers le groupe et qui avaient passé des mois à attendre ce jour, comme moi. La première fois où je connus cette excitation en voyant la file s'avancer annonçant l'ouverture des portes de la salle. La première fois où j'attendais avec impatience que mon billet de concert soit déchiré et que mon sac soit fouillé. La première fois que je courais le plus vite possible pour me rapprocher d'eux. La première fois que je rentrais dans cette salle immense avec la scène décorée aux couleurs du groupe.... La première fois que je passais les plus longues minutes de ma vie dans une foule hystérique à attendre que les lumières s'éteignent, que le public hurle à m'en péter les tympans, que le "Willkommen im Tokio Hotel : Zimmer 483" résonne autour de moi, que ce célèbre riff de Übers Ende der Welt retentisse, suivit de la basse, de la batterie et qu'un long frisson dans tout mon corps me donne envie de tenir au milieu de cette fosse remplie de dingues pour enfin pouvoir les apercevoir...et puis cette voix. La première fois que j'eus cette impression de rêver éveillée. Les cheveux de Bill furent la première chose que je voyais et jamais je n'oublierai cette vision.
Ce ne fut qu'à la dernière chanson que je me rendais compte de ce que j'avais sous les yeux et que les larmes se mirent à couler de joie pour la première fois de ma vie, alors que les Tokio Hotel sortaient de scène après ces dernières paroles ; "du bist nicht alleine". Parce que, non, en effet, je n'étais plus seule...

Après ce concert, je savais une chose : Que ce moment devait se reproduire, et se reproduire encore. Ainsi en juin, une nouvelle tournée se prépara spécialement en France. J'appris qu'ils passeraient le 25 octobre 2007 au Zénith de Lille et c'est avec une joie immense que je me préparais pour ce nouveau concert. J'avais enfin une nouvelle motivation pour avancer.
L'été 2007 fut le départ des disputes entre fans. Des commentaires anonymes étaient déposés sur les blogs, insultant des fans populaires (les fans populaires l'étant souvent pour avoir fait beaucoup de concerts, de promos ou de meet&greet), inventant des mensonges plus énormes les uns que les autres en disant que cette fan aurait couché avec Bill ou Tom et qu'ainsi, il ne faudrait en aucun cas la respecter...détruisant ce lien qui unissait chaque fan. La guerre entre fans avait commencé.

J'eus la chance de pouvoir également aller au concert de Nice le 28 octobre au Nikaïa avec Sofi parce que sa tante avait accepté de nous emmener en voiture. J'allais donc avoir la chance de revivre ce rêve deux fois... Seulement ce fut un peu plus différent. Les fans étaient plus agressives entre elles et se respectaient les unes des autres beaucoup moins. L'attente de Lille avec Justine fut donc moins agréable, cependant c'est à ce concert que j'eus mon premier rang en face de l'avancée de Georg...et que tout recommença en mieux. À nouveau, cette étincelle se ralluma l'espace de 93 minutes et mon bonheur renaissait pendant chacune de ces chansons. J'eus la chance de trouver par terre à la fin du concert un médiator de Tom qu'il avait lancé et que personne n'avait réussi à attraper ; médiator qui est aujourd'hui bien caché dans ma boîte de souvenirs de concerts. Le 28 octobre, tout recommença. L'attente plus tendue qu'en avril, les fans plus violentes, l'excellent concert. À nouveau un premier rang, côté Tom cette-fois.

Je n'en n'avais pas assez... En décembre 2007 fut annoncée la nouvelle tournée européenne des Tokio Hotel, le 1000 Hotels European Tour. Les places pour le 09 mars 2008 au Palais Omniscient de Paris Bercy et pour le 20 mars au Gayant Expo de Douai furent achetées, me donnant ainsi un nouveau but pour m'aider à avancer. Je passais les dernières minutes de l'année 2007 et les premières de l'année 2008 au calme, là où je me sentais le mieux, avec Durch den Monsun dans les oreilles...et attendais impatiemment ma nouvelle "stick ins glück".

C'est environ à ce moment-là que l'idée vint au groupe d'aller tenter le succès aux Etats-Unis. Le succès se fit également, certes beaucoup moins qu'en Europe mais les concerts étaient là-bas tous complet...ainsi les Etats-Unis les avaient adoptés. Un album sorti donc en anglais, mélangeant chansons du premier et du deuxième album dans un opus appelé Scream. Ils commencèrent à chanter en anglais (d'ailleurs c'est ce qu'ils firent au concert de Bercy le 16 octobre 2007 et ils se firent huer...leur faisant comprendre que la France ne voulait que de l'allemand), à devenir de plus en plus intouchable, et finalement, à devenir un groupe de plus en plus commercial. Bien que ça me décevais, ça n'enlevait en rien de mon fanatisme envers eux...

Je passais l'attente de concert la plus dure ce 09 mars 2008. Les fans ne respectaient plus rien, et faisaient comme bon leur semblait. Mais à chaque fois, le simple fait de savoir que j'aurais ces quatre allemands dans la soirée juste à quelques mètres de moi m'aidait à supporter pluie, vent, tempête, ou même fans hystériques. Et ce soir-là, je vécu mon plus beau concert. Je compris donc que le premier rang n'était pas forcément le plus important pour vivre un bon moment puisque là, au fond de la fosse, je n'avais personne pour m'empêcher de bouger et de sauter comme je le voulais. Et surtout, je n'avais personne pour me déranger pendant la plus belle chanson qu'ils aient pu faire en live : Schwarz. Le temps de cette chanson, que je n'avais encore jamais entendue en live, je comprenais une fois de plus pourquoi je les aimais tant. Et pour la deuxième fois de ma vie, les larmes coulèrent doucement alors que je souriais en entendant ce crescendo et cette puissance. Ils étaient ma plus grande passion et ma plus grande force, inébranlable.

Mais ils s'avérait que cette plus grande force était aussi ma plus grande faiblesse. Ce 18 mars, je pleurais à nouveau mais le sourire avait disparu. Bill avait un kyste à la gorge, Douai et le reste de la tournée était annulée. Je mis un certain temps à me remettre de cette nouvelle et après en avoir voulu à cet idiot de chanteur qui ne faisait pas assez attention à sa gorge, je finissais par m'inquiéter de son état de santé. Heureusement, tout s'arrangea puisqu'après l'opération il pouvait à nouveau chanter...
Pour combler ce manque de Douai, je décidais d'aller encore plus loin. Et eux aussi. Le Parc des Princes serait rempli de 45 000 fans hystériques, ce 20 juin 2008. Soit leur plus grand concert, et évidemment je me devais d'y être.
N'étant jamais lassée, je projetais également d'aller au Port-Hercule de Monaco le 05 juillet 2008 et à l'Arena de Genève où ils allaient également faire un concert.

Le Parc des Princes ne s'avéra pas aussi bon que les autres concerts - il était évident que le groupe n'était pas prêt pour gérer un concert de cette ampleur... Mais ce qui est sûr, c'est que le jour où il retenteront une si grande salle, je serai à nouveau là pour pouvoir voir de mes yeux s'ils auront grandis ou non.
Mais le concert à Monaco fut extraordinaire, à nouveau. Ce jour-là, je les vit pour la première fois à un mètre de moi à la sortie de leur hôtel...
Celui de Genève, par contre, fut totalement différent...

J'y étais allée avec Sofi, et nous avions décidé d'y aller un jour à l'avance. La nuit se passa sans trop de soucis, seulement le lendemain, jour du concert, l'attente fut abominable. Les fans étaient compactées contre les portes et nous dûmes rester tous les uns sur les autres pendant une journée entière. Dans la fosse, ce fut la même chose. Les Tokio Hotel étaient là, certes, mais les fans commençaient à franchir les limites... Après ce concert assez rude où j'en avais voulu aux fans de m'avoir empêché d'en profiter, je vécu la pire nuit de ma vie. Le fait que je savais que je ne verrais plus le groupe avant assez longtemps, parce qu'ils allaient s'enfermer dans leur studio à Hamburg pendant un certain temps y était sans doute pour quelques chose...

L'attente commençait donc. Les fans allèrent encore plus loin, jusqu'à camper devant leur studio dans l'espoir de pouvoir apercevoir un bout de ces quatre allemands. Certaines se mirent à les suivre en voiture, à les attendre devant leur maison, puis à envoyer des lettres de menace à leur famille, à eux, à jeter des oeufs sur leur voiture et enfin à se battre avec Tom pour avoir simplement voulu un autographe et une photo.

Pendant ce temps, je restais loin de tout ça et m'enfermais dans ma bulle, les écouteurs dans les oreilles...attendant qu'ils reviennent.


Presque un an plus tard, ils annoncèrent leur nouvel album. Leurs nouvelles promo. Leur retour. Ils retournèrent en France le 03 septembre 2009, et enfin la sortie de Humanoid, leur troisième album, fut prévue pour le 05 octobre. À nouveau j'eus la chance de pouvoir l'avoir entre les mains trois jours avant... Malheureusement cette fois, ce même coup que j'avais eu lors de la première écoute de Schrei et de Zimmer 483 ne se produisit pas de la même manière. Leur style avait changé. Ils avaient confié leur talent entre les mains du commercial, et s'étaient embarqué dans un nouveau Tokio Hotel qui fut difficile à avaler. La passion était-elle en train de s'éteindre ?

16 octobre 2009. Voilà treize jours que j'écoute Humanoid tous les jours. Que j'analyse chaque son de chaque chanson avec la plus grande attention. Et qu'à chaque nouvelle écoute, les ressentis que j'avais envers ce nouvel album s'effacent petit à petit. Je pensais que je serais déçue de ce nouvel opus parce qu'ils ont trop changé, mais je me suis trompée. Comme Schwarz, la passion envers ce nouvel album a démarré tout en douceur. Puis a monté, monté, et monte encore. Comme Schwarz, ma passion effectue une montée en puissance à m'en décoller les pieds de la terre. Le crescendo de ma passion n'est pas encore terminé, et la plus belle note est à venir. Et pour rien au monde je ne louperai ça, parce qu'au bout de trois années et trois mois de fanattitude, j'arrive encore à rêver malgré et grâce à tout ça. Parce qu'au bout de tout ce temps, j'ai encore ces coups dans la poitrine, ces frissons et ces larmes de joie. Parce qu'ils sont ma plus grande passion.
Et parce que grâce à eux, j'ai à nouveau une motivation et un but pour avancer ;
17 mars 2010 au Zénith de Lille - 14 avril 2010 au Palais Omniscient de Paris Bercy.

"Viel zu viel Liebe an der Musik,
Viel zu viel Grenzen unbesiegt.
So viele gedänken, und Wörter nicht beendet,
Ich glaube nicht dass das, bald endet"

La commercialisation aura beau les abattre, les fans auront beau les haïr, ce sera toujours plus fort que moi... Ces quatre stupides allemands complètement étouffés par la célébrité me tiennent entre leurs mains de géant. Je suis prisonnière de leur musique et me nourris de la force qu'ils déploient dans leurs concerts pour avancer, de date en date, et me réfugie dans leur talent en attendant de pouvoir vivre à nouveau ces rêves éveillés ; non, le crescendo n'est pas terminé. Parce que lorsque la dernière note résonnera, alors je ne serai plus ici pour en parler.

vendredi 2 octobre 2009



Il est peut-être vrai qu'il faudrait que je commence à retenir ce mot, "effort".

lundi 28 septembre 2009

"Ihr seid die Drogue in Person"



"Der Moment ist perfekt,
ihr habt uns wieder aufgeweckt.
Lass die Zeit hier einfach stehen"

C'est toujours difficile, de quitter le quai. De monter dans un train, n'importe lequel, qui partira loin du foyer...mais c'est tellement bon après.

De regarder ce paysage défiler, retrouver des visages souriants à la nouvelle gare où le train s'arrête, de poser le pied dans un pays tant aimé, pour y découvrir et redécouvrir tant de sensations, de sentiments qui ne peuvent pas être vécus chez soi. D'échanger quelques regards avec ces personnes qui habitent si loin mais qui sont si importantes... Vivre ces moments qui ne seront jamais oubliés.
Peu importe la peur au ventre tant que l'on vit tout ça avec ces personnes. Peu importe, puisqu'elle sera oubliée à peine la porte traversée, à peine le billet déchiré, à peine la main posée sur la barrière en face de la scène, à peine les yeux posés sur ce groupe, instruments à la main qui ne feront pas que vibrer la salle mais aussi leur public.
 Il n'y a plus besoin de chercher à comprendre pourquoi tout paraît si fade après avoir connu ce vrai sentiment de liberté. Ce pays, ces filles, ces groupes, ces regards, ces mots et cette musique. Cette vie.

mercredi 9 septembre 2009

Lass mich fallen,


Il y a des choses qu'il vaut mieux garder pour soi.

vendredi 22 mai 2009

Hoping to escape



Je pleurais. Assise, sur mon lit, je pleurais. Sans réserve, je laissais mon corps se vider de sa douleur... Sans grand succès, parce que je souffrais. Encore et toujours, et les larmes ne cessaient de couler doucement sur mes joues. Au bout d'un moment, je n'arrivais même plus à respirer convenablement, hoquetant bruyamment et pleurnichant sans même m'en rendre compte ; mais je pense que ce sont ces pleurnichements qui l'ont alerté. Parce qu'il a prit la peine de toquer à la porte, ce qui signifiait qu'il me laissait le temps de sécher mes joues, pour faire comme si de rien n'était.
"Oui ?"
Il entra, s'assit à côté de moi sur mon lit, m'observant avec une tendresse incalculable. À ce moment précis, il avait aussi mal que moi, ça se voyait. Mais il était bon comédien. Malheureusement, je le connaissais bien trop pour qu'il puisse me cacher quoi que ce soit.
"Qu'y a t-il ?"
"Je suis désolée, c'est plus fort que moi" et je ne mentais pas parce que les larmes se remirent à couler de plus belle (le voir m'avait calmé un instant). "Mais, j'ai un problème."
"Hé bien, alors ? Ca ne sert à rien de pleurer pour ça, ça doit pouvoir s'arranger." il hésita à remettre une de mes mèches de cheveux, mais se résigna. Il baissa les yeux, soupira d'une façon presque imperceptible et son regard se leva pratiquement tout de suite après vers les miens, cherchant à s'enfouir dans ma tête.
"Non... Ce problème-la ne peut pas s'arranger."
"Alors, raconte-moi toujours. Je ferai de mon mieux pour t'aider."
"C'est parce que...j'ai grandi. C'est parce que j'ai grandi."
Il ne comprenait pas, et un léger sourire d'incompréhension se dessina sur ses lèvres juste avant que sa main vienne automatiquement se frotter contre son front.
"Quoi ?"
"J'ai grandi !"
"Et alors ?"
Il ne comprenait toujours pas. J'essayais de contrôler mes sanglots, de me calmer, essuyais mes larmes et prit une longue inspiration.
"Avant, j'aimais écrire. Tu le sais, n'est-ce pas ?"
"Oui, oui"
"Raconter, inventer. On me disait toujours que j'avais une imagination hors-pair, et ça me plaisait parce que c'était la première chose pour laquelle on me reconnaissait."
"C'est vrai que tu as écris de très belles choses."
"Oui. Mais j'ai grandi. Et, je ne pensais pas que ça s'estomperait au fil du temps, je pensais que c'était mon don, à moi, pour toujours." Je m'arrêtais un instant, calmant un sanglot, puis repris "Je pensais que c'était mon don, de pouvoir imaginer sans limites, mais j'avais tort. Parce que j'ai grandi. Les années ont passé, et aujourd'hui j'ai arrêté d'écrire. Et tu sais pourquoi ?"
Il semblait avoir compris maintenant, mais ne répondit pourtant rien.
"Tu vas me le dire."
"Parce qu'il n'est pas possible d'imaginer quoi que ce soit, d'inventer sans arrêt, si l'on n'a plus de rêves pour nous amener dans cet autre monde. J'ai grandi, et aujourd'hui j'ai perdu mes rêves, mon don, et je ne sais plus écrire au final. Tu comprends maintenant, pourquoi je pleure ? Parce que j'ai perdu cette petite chose, qui me faisait encore sourire, qui me faisait croire en mes choix, qui me faisait avancer. Je suis perdue, et je ne sais plus quoi faire. Parce qu'il n'y a rien à faire. Tu saurais m'aider, toi ?"
Il ne répondit rien, mais ne baissa pas les yeux. Sa main essuya maladroitement mes joues, remit enfin cette satané mèche, soupira et son regard s'enfouit à nouveau dans ma tête pendant un instant. Puis il essuya à nouveau mes yeux, et m'attira vers lui, en silence. Parce qu'il n'y avait rien d'autre à faire.