samedi 7 août 2010

So I'll keep on living on your promises.


« Si t’as la haine, assieds-toi et fume une clope, déjà. Ça te fera du bien.
- Ça va, je sais, laisse-moi le temps !
- Pas besoin de donner des coups de poings dans le mur. Tu vas te faire mal. »

Elle s’assied, lasse. Il a raison, après tout. Il lui tend une cigarette qu’elle coince entre ses lèvres et allume en silence.

« Bon. Voilà. Pour la suite, je sais ce qu’il te faut.
- Quoi ? »

Il ne répond pas, se lève, et part dans l’autre pièce. Il revient deux minutes après et lui tend une feuille et un crayon.

« Qu’est-ce que tu veux que je fasse de ça ?
- Ca, c’est une feuille. Ça, c’est un crayon. Tu peux écrire sur la feuille avec.
- T’es super drôle comme mec, en fait !
- Pose pas de questions idiotes, va. Et laisse-moi parler.
- Tu m’énerves !
- Et calme-toi. Voilà ce que tu vas faire ; on sait pourquoi t’as la rage là, maintenant. Mais tu vas l’écrire. Vas-y, écris. »

Elle ne comprend pas trop, mais s’exécute tout de même, après avoir écrasé sa clope dans le cendrier.

« T’as fait une faute, là.
- J’aime pas qu’on regarde quand j’écris ! Et puis, ça arrive à tout le monde de faire des erreurs quand on est énervé.
- Oui, ben, corrige, quand même.
- T’es chiant ! »

Il ébouriffe ses cheveux pour la taquiner.

« J’ai fini. C’était censé servir à quoi ?
- C’est pour te faire aller mieux.
- C’est plutôt l’effet contraire. Maintenant, c’est écrit. Ça rend le truc officiel et ça fait encore plus mal en le relisant.
- Justement, sinon ça n’aurait aucun intérêt ! Maintenant, écris en dessous ton avis sur la chose. »

Elle se penche sur la feuille, et écrit avec attention ;

« ‘’ Je l’emmerde, je l’emmerde, je l’emmerde, je l’emmerde, elle fait chier, je l’emmerde, je l’emmerde, je l’emmerde, je l’emm/ ’’
- T’as pas l’impression de te répéter un peu, là ?
- Non. J’ai écrit « elle fait chier », aussi.
- Ha.
- « Je l’emmerde, je l’emmerde, je l’emmerde, je l’emmerde. ». Y a plus de place sur la feuille.
- Ce -m là ressemble à un -n, tu l’as mal fait.
- Je t’emmerde.
- Ça va mieux ?
- Non.
- C’est normal. Maintenant, prends ça. »

Il lui tend un marqueur noir.

« T’aurais une autre clope ?
- On est en train de faire quelque chose de sérieux, là.
- Mais j’ai envie de fumer.
- Après, reste sage ! Prends ça.
- Je t’/
- …emmerde, oui. Donc, avec le marqueur, tu vas rayer le truc qui t’es arrivé et qui t’as énervé.
- Si c’est ça ta solution, c’est nul.
- Tais-toi, et raye.
- Je veux fumer !
- Tais-toi, et raye. »

Elle lui lance un regard accusateur, ses yeux encore mouillés de la crise de rage d’il y a quelques minutes. Le marqueur crisse lentement sur le papier.

« Voilà.
- Ça va mieux ?
- Non.
- C’est normal. Maintenant, tu vas raconter une blague.
- Pourquoi ?
- Raconte une blague.
- C’est l’histoire d’un mec qui entre dans un café, et plouf.
- À chier. Vraiment à chier.
- Ho ça va !
- Maintenant, tu vas rayer ton avis par rapport à cette histoire. »

Lasse, elle finit de gribouiller la feuille en écrasant la mine du feutre à force d’appuyer.

« C’est bon. Ça va toujours pas mieux.
- Pourquoi ça n’irait pas ?
- T’es con ou quoi ?
- Je vois vraiment pas où est le problème.
- À quoi tu joues ?
- Ben je sais pas, tu dis que tu vas pas bien alors qu’il y a aucune raison pour que ça n’aille pas.
- Mais si ! Tu l’a vue !
- T’as une trace écrite ?
- Putain, tu fais chier. »

Il lui tend une cigarette.

« Avoue que c’était drôle, quand même.
- De quoi ?
- T’es conne ou quoi ?
- Je vois vraiment pas ce qui est drôle.
- À quoi tu joues ?
- Ben je sais pas, tu dis que quelque chose était drôle, alors qu’il n’y a aucune raison pour que ça le soit.
- Mais si ! Tu l’a vu !
- T’as une trace écrite ?
- Putain, tu fais chier. »

Le silence se fait pendant un instant.

« Ça va mieux ?
- Un peu. »